22 juillet 2015

Parce qu'un malheur n'arrive jamais seul...


L'anticipation était à son comble samedi dernier d'enfin voir un spectacle de Vulcan Fireworks dans son intégralité; mais l'inquiétude, elle, ne cessait de grimper alors que s'égrainaient les minutes qui nous séparaient de 22 heures. La météo ne s'annonçait vraiment pas idéale. Mais vraiment pas.

Inimaginable ! 
Après les problèmes techniques éprouvés par la firme en 2013, une nouvelle tuile est tombée sur la tête de celle-ci pour leur deuxième visite : Dame Nature. La pas fine ne semble pas avoir vérifié que M. Éole était bel et bien à son poste; lui qui a passé la soirée on ne sait où, à faire on ne sait quoi, en ne nous laissant pas la moindre petite brise entre-temps. Rien. Pas un simple petit souffle. Pas un semblant de soupir. Une tantinette respiration. Nada. Niet. La fumée des premières pièces lancées restant littéralement immobile, il ne restait qu'à espérer qu'on puisse apprécier le feu le plus longtemps possible. Avec un spectacle pyrotechnique de cette magnitude, le mur de fumée devenait une évidence...  

Les premiers segments de 'Sur la Route' ont été réellement époustouflants. La firme avait apporté avec elle plusieurs structures circulaires et créer des façons de tirer leurs artifices qui ont tôt su nous émerveiller, produisant des tableaux délectables.  Du genre : 




Sans compter les belles aériennes :


C'est pas beau ça ? De quoi nous faire mal au coeur de voir la fumée s'accumuler. Et puis les gâteaux se sont mis à pétarader à outrance, les mines, les gerbes, les lances... fumée par dessus fumée, à 22h15, c'était pas mal terminé le beau design, les beaux effets. On n'y voyait que dalle !
 
Arrêter le feu ? 
Si seulement Environnement Canada avait annoncé un drastique changement à venir dans les prochaines minutes, peut-être aurions-nous envisagé interrompre le spectacle ? Mais ce n'était pas le cas. Aucun espoir de voir le drapeau en haut de l'Orbite décoller de son poteau. Il fallait continuer... en espérant que le public à l'extérieur de La Ronde puisse apprécier les belles bombes de Vulcan. Car, nous en avons eu la preuve en première moitié du spectacle, elles étaient belles ! Variées, présentant multiples effets, multiples couleurs, il y avait de quoi nous faire ouvrir les yeux grands grands. J'aurais tant aimé voir le reste...  

Pauvres juges !
Comment peut-on juger ce feu maintenant ?  La règle d'or : juger ce que l'on voit.  Un juré, ça pense comme ça pense.  Si on a trouvé tous les critères réussis sur 15 minutes et qu'on met 10 partout, Vulcan pourrait être bon premier.  Si à l'inverse, on croit qu'il est impossible de donner l'or à un demi-spectacle, qu'on pense que la conception n'était pas à toute épreuve, que nous sommes déçus de ne pas avoir vu le reste, on peut enlever bien des points... Si on croit avoir vu, à travers l'épais nuage, les mêmes effets présentés précédemment, les mêmes séquences de tir, ce sont encore des points en moins... Toutefois, de nombreux effets très originaux auront causé plusieurs "Wow!" en début de spectacle. De plus, les minimes erreurs dans une complexité semblable, ça vaut son pesant d'or ! Mais tout cela ne concerne que la conception pyrotechnique et la qualité des pièces. Il y a aussi la conception technique, entres autres l'utilisation de l'espace que nous pouvions discerner ici et là en deuxième partie du feu. Utilisation qui, soit dit en passant, dans les premiers tableaux, étaient très bien réussie. Ces rampes supplémentaires et les 'roues' suspendues derrière ajoutant drôlement à la profondeur du spectacle, réalisant des superpositions d'effets vraiment chouette ! La musique aussi peut être jugée dans son ensemble, c'est même un couteau à deux tranchants.  Ne restant plus que les oreilles à satisfaire, les quelques transitions douteuses ne passeront pas inaperçues; à l'inverse le travail d'édition fait à l'intérieur des chansons était quant à lui impeccable.  La synchro ?  Plus difficile.  On a beau entendre le son des explosions à travers la boucane, la synchro est souvent plus axée sur l'effet visuel qu'auditif.  Sans compter le petit décalage perceptible par moment.  Si on étire le tout sur 30 minutes, c'est quelques points en moins.  Mais tout ça, c'est à la discrétion du jury.  À la discrétion de 19 personnes toutes bien différentes dans leur façon de penser. C'est sans aucun doute un pari risqué qu'a pris l'équipe asiatique en incluant autant d'effets produisant de la fumée dans leur spectacle.  Quel vent minimum aurait-il fallu pour ne pas perdre l'essence du design ? Avec une poussée 'normale' de l'air ambiant, est-ce que ce type de conception aurait subi le même sort ? Une conception pourtant bien dosée au début, mais ce n'est certainement pas s'aider que de se servir autant des 19 positions de tir sur le quai, de tirer des centaines d'artifice de même style en même temps, d'y aller de salves répétées de produits enfumés... Était-il nécessaire de tirer tout cet arsenal ? Ou si la moitié de ces effets aurait eu l'effet escompté et un meilleur résultat en bout de ligne considérant le non-vent ? Chose certaine, Vulcan avait à nouveau mis tout en oeuvre cette année pour séduire Montréal et lui démontrer tout son savoir-faire. Et je les comprends !

Évidemment déçus
Sans surprise, les co-concepteurs Cindy, John, et toute l'équipe étaient visiblement déçus. 'Je sais que le public l'a apprécié. On a eu que des félicitations. On est déçu par la fumée, mais bon...' me dira, à court de mots, un artificier français oeuvrant pour Vulcan qui traduit bien le sentiment timoré que partageait l'équipe.  La première réaction de Cindy : 'The public seem to remember the first 10 minutes.  I remember the last 20...' ne pouvant croire que la guigne s'acharnait à nouveau sur l'équipe. Un peu plus souriant, mais résigné, John ajoutera : 'The set up was exausting, we had so much stuff... but it was worth it ! After the first song it was a relief. I didn't even remember programming what we did ! I was overwhelmed, it was great ! [and then 10h15 arrives and...] oh well what can you do ?'

En effet, que peut-on faire ? Rien. Tout était là pour une super soirée. Un thème bien représenté avec tous ces sons de voiture, de balayage de fréquence radio; les artifices aussi soutenant bien l'histoire; oui, tout y était (et surtout tout plein tout plein de sifflantes !!!)... sauf le vent. Moi qui adore conduire, la radio justement sur scan à l'affût d'une chanson à mon goût, je peux facilement dire que j'ai vécu samedi soir une bien belle balade, en décapotable de surcroît, mais c'est comme si j'avais oublié d'enlever le toit...

Une semaine de pause, et puis place samedi prochain aux États-Unis !

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